Frédéric Lafage, Président de la Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l’ingénierie et du numérique (Cinov), réagit à l’appel à l’ingénierie publique locale de l’Etat en milieu rural et défend les atouts de l’ingénierie privée dans les territoires.
Extrait de l’interview dans Le Moniteur :
Pourquoi l’appel à l’ingénierie publique locale, lancé récemment dans « Le Moniteur » par la ministre Jacqueline Gourault, a-t-il choqué votre organisation ?
Nous avons lu dans ses propos une forme de déni de la réalité de ce que représente l’ingénierie privée dans les territoires.
Faire comme si elle n’existait pas et mettre en valeur des structures qui vivent en partie de subventions publiques, cela peut ouvrir la voie à des distorsions de concurrence. Au moment où la campagne présidentielle conduit la plupart des candidats à souligner le trop grand nombre de fonctionnaires, remplacer le privé par le public revient à se moquer des électeurs ! Pour rappel, 97 % des entreprises représentées par le Cinov comptent moins de 50 salariés et sont réparties dans la plupart des régions. Cet engagement territorial mérite autre chose que le débauchage d’ingénieurs issus de nos cabinets.
Sur quels fondements espérez-vous établir une complémentarité entre les ingénieries publique et privée ?
Là où il y aurait carence du privé, il est normal que le public occupe le terrain. Le Cinov milite pour travailler main dans la main avec l’ingénierie des collectivités, comme il l’a montré dans la convention avec l’Association des ingénieurs territoriaux de France. Au dernier congrès des maires, nos échanges avec le président des CAUE nous ont confortés dans cette approche. Lorsque les collectivités ont mis en place leurs outils internes de planification et de programmation, le secteur privé a eu vocation à les accompagner, tant en assistance à maîtrise d’ouvrage qu’en maîtrise d’œuvre, que ce soit pour des infrastructures, des ouvrages de génie civil ou des bâtiments.
Cette complémentarité offre les meilleures garanties de résultats dans la durée. Nous avons besoin des services qui savent traduire aux élus le vocabulaire technique, expliquer les difficultés et jouer le rôle de gardiens des règles et des délais.
Nos cabinets jouent un rôle actif dans la transition écologique. Ils appliquent les textes et participent parfois à leur rédaction, y compris la loi Climat et résilience. Grâce au lien systématique qu’il établit entre le numérique, le social et l’environnemental, notre réseau peut aider les élus à cesser de regarder par le petit bout de la lorgnette : éviter, par exemple, de tout réduire à l’impact carbone ou d’attendre que le digital résolve tous les problèmes. Notre capacité d’analyse globale peut déboucher sur des solutions plus riches, sans coût ni complexité supplémentaires. Notre présence dans de nombreux territoires permet une approche comparative dont ne dispose pas toujours l’ingénierie publique.
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